Diplômé sans emploi, Jebta Yafia Jérémie vend les journaux à la criée. Une activité qui lui permet tant bien que mal de survivre.
Debout, journaux en main, Jebta approche tout usager qui s’arrête sur le boulevard Maréchal Idriss Deby Itno, près de lui. « Oui monsieur, vous voulez quel journal ? », demande-t-il à un motocycliste, qui ne semble pas emballé par les contenus à lui proposés. Le trentenaire ne se décourage pas et reprend le même exercice, qui peut durer jusqu’en début de soirée.
C’est depuis 2019 que ce diplômé de l’Ecole normale supérieure (ENS) de Bongor, option Mathématiques, vend à la criée les journaux. « J’ai obtenu mon diplôme en 2018. Je suis devenu vendeur de journaux parce que je n’ai pas de choix. A la rentrée, j’enseigne. Même la vacation ne tient pas. Il n’y a pas suffisamment d’heures. C’est de l’exploitation. Dans certaines écoles privées, on t’oblige à faire ce que tu ne veux pas. Il y a trop de corruption. Quand tu refuses, tu peux te retrouver dehors », raconte-t-il.
Avec un peu de chance, il s’en sort avec 1 500 ou 2 000 F par jour. Jebta obtient 20% d’un journal vendu à 500 F. « Ça ne permet pas de subvenir à nos besoins mais ça contribue à joindre les deux bouts. C’est mieux que rien mais c’est quand-même compliqué de tenir avec cette cherté de vie », dit-il, informant qu’il est chef de famille.
Les difficultés ne manquent pas. « Avant, il y avait le marché. Maintenant, avec les mêmes évènements qui se répètent, l’arrivée des téléphones Androïd, la disparition de certains journaux, l’apparition des journaux en ligne, c’est très difficile », se plaint-il.
Jebta Yafia Jérémie demande aux autorités de mettre sur pied une politique pérenne d’absorption des diplômés, surtout ceux formés pour l’enseignement. « On lance un vibrant appel au gouvernement de penser aux diplômés ; parce qu’on est obligé de faire une activité qui ne nous correspond pas », interpelle-t-il.