Ces derniers temps, le port de la chaîne de cheville est devenu une mode pour les jeunes filles et femmes tchadiennes et particulièrement les N’Djamenoises. Ce comportement est devenu un sujet à controverse.
Fabriqués avec divers matériaux, comme argent, or, pierres naturelles (perle), la chaîne de cheville ou bracelet de cheville est un ornement utilisé comme bijou sur la cheville d’une femme. Bien plus qu’une simple décoration, le port de la chaîne de cheville revêt une multitude de significations et de fonctions à travers les cultures et les époques.
Au Tchad en général et plus précisément à N’Djamena, le port de la chaîne de cheville est déshonorant. Il a un impact sur l’identité culturelle de la jeunesse tchadienne qui s’éloigne de plus en plus de ses racines culturelles.
Recueillant les témoignages, certains préjugés sur les femmes qui portent la chaîne de cheville ont la peau dure. « Pour moi, une femme avec une chaîne de cheville ne peut être qu’une prostituée ou une lesbienne« , a confié un citoyen lambda.
Mais certaines jeunes sont loin de partager ces préjugés. Elles adoptent cette tendance pour des raisons personnelles, par goût du plaisir, ou par suivisme en s’en accommodant de plus en plus. « Je me dis que je suis plus belle avec une chaîne de cheville surtout quand je m’habille en robe ou en pantalon« , dit Amina Abba Seïd.
Asma Gassim, présidente de l’association Lamy-Fortain et par ailleurs gardienne de la culture, souligne que le fait de porter une chaîne à la cheville est irrespectueux et exubérant. Celle-ci est plus influencée par les modes étrangères que par les coutumes locales. « A l’époque, la mode était de porter des Houdjoul, des bracelets en argent autour de la cheville. Là aussi, ces bracelets sont uniquement portés que par des femmes mariées. Mais aujourd’hui, les femmes et jeunes filles portent la chaîne de cheville sans aucune raison valable », croit Asma Gassim. Dans l’Antiquité, fait-elle savoir, la chaîne de cheville est portée dans différentes cultures, notamment en Égypte et en Inde. En Inde, elle est souvent associée à des croyances spirituelles et à la protection contre les énergies négatives. Par contre, « elle symbolisait le statut social dans la culture égyptienne », éclaircit-elle.
De toute façon, il n’y a pas de signification précise sur le port de la chaîne de cheville. Mais elle est perçue comme une forme d’abandon de la culture et de la tradition tchadiennes.