Le Japon fait régulièrement face à des catastrophes naturelles. Mais le pays a pris un certain nombre de mesures pour y faire face.
Le 29 juillet 2024, au menu de l’agenda de notre programme de travail au Japon, figure un entretien avec Hiroki Tatematsu, directeur adjoint de l’Office en charge de la résilience aux catastrophes naturelles. En effet, cet archipel de la côte Est de l’Asie, est sujet à de récurrents désastres naturels (séismes, tsunamis, typhons, éruptions volcaniques…).
A bâtons rompus, Hiroki Tatematsu nous explique que le Japon est situé à la rencontre de plusieurs plaques tectoniques dont les mouvements sont à l’origine de ces sinistres fréquents.
Le séisme de la péninsule de Noto du 1er janvier 2024, a par exemple fait plus de 230 morts et plus de 1.280 blessés. Un autre exemple est celui du séisme du 11 mars 2011 sur la côte pacifique du Tohoku au large nord-est du pays, suivi d’un tsunami qui a fait environ 20 000 morts composés de victimes directes et indirectes. Cette catastrophe a touché la centrale nucléaire de Fukushima. Deux exemples parmi tant d’autres pour illustrer l’ampleur de ces crises naturelles sur la péninsule.
L’office dont Hiroki Tatematsu est le dirigeant en second a donc été créé pour faire spécialement face à ces catastrophes. Il est composé d’agents détachés de différents départements ministériels. M. Hiroki informe que dans la gestion des catastrophes, l’office a quatre objectifs qui sont d’optimiser la protection de la vie humaine, de maintenir le fonctionnement de l’administration et de la société japonaise, de minimiser les dégâts et de reconstruire et restaurer rapidement.
Mais surtout, il met l’accent sur la prévention. Elle est axée sur les mesures liées aux infrastructures et celles hors infrastructures. Dans le premier cas, ces mesures concerne les travaux d’élargissement des fleuves pour minimiser les risques de typhons, d’augmentation de la hauteur des digues pour réduire les risques de victimes après un séisme ou tsunami, de construire des tours pour permettre aux gens de s’y réfugier en cas de tsunami, de prévoir des groupes électrogènes et accumulateurs d’électricité en prévention des coupures d’électricité en cas de catastrophe, d’enfouissement de poteaux électriques pour éviter que ceux aériens ne tombent et bloquent les routes, le renouvellement des routes et ponts vétustes, et la mise en place des stations mobiles pour contourner les coupures des moyens de communications en cas de sinistres.
Des règles claires
A côté de ces mesures matérielles qui sont chères et supportées par l’Etat, il y a des mesures au niveau individuel, de la communauté ou des associations et entreprises. Ainsi, Hiroki Tatematsu renseigne que les populations sont sensibilisées à identifier un refuge et un itinéraire à suivre en cas de catastrophe avant même l’intervention des gens formés en gestion des désastres. Les associations et entreprises sont encouragées, souvent subventionnées par l’Etat, à établir des plans de continuation des activités indispensables à la vie même lors des sinistres.
Professeur Numada Muneyoshi de l’Université de Tokyo, renchérit que la loi japonaise prévoit qu’en cas de catastrophe, il faut former un comité de gestion au niveau de la communauté. C’est ce comité qui prend les premières mesures. Cet enseignant qui travaille dans un centre créé récemment au sein de l’université de Tokyo pour la formation à la gestion des catastrophes a mis au point au guide comportant 47 étapes à suivre dans la gestion des désastres naturels et l’a distribué à 60 communautés locales au Japon qui l’utilisent actuellement.
En outre, ce centre vient de créer une formation diplômante en gestion des crises naturelles. Pr Numada résume les 47 étapes de son guide en ce triptyque : Vie-Maison-Argent. C’est-à-dire, explique-t-il, peu importe le pays où une catastrophe naturelle a lieu, les mesures générales à appliquer sont de sauver d’abord les gens, mettre à leur disposition des habitats et chercher des moyens pour leur prise en charge. « Si vous perdez complètement votre maison lors d’une catastrophe naturelle, la loi japonaise permet de vous indemniser à hauteur de trois millions de yen (environ 11,7 millions de franc CFA). Riche ou pauvre, vous recevez la même somme », conclut Professeur Numada Muneyoshi.