Bien que pas assez visible par rapport à d’autres puissances, le Tchad et le Japon entretiennent des relations diplomatiques depuis près de 30 ans. Voici ce qu’il faut retenir de la coopération entre Tokyo et N’Djamena.
Quatre journalistes du Tchad, du Cameroun, du Gabon et de la République démocratique du Congo ont séjourné du 27 juillet au 2 août 2024 au Japon dans le cadre d’un programme organisé par le ministère des Affaires étrangères de cet archipel. Lors des rencontres qu’ils ont eu avec divers responsables nippons, ils ont eu l’occasion d’évoquer les relations entre leurs pays et le pays du soleil levant.
Pour le cas du Tchad, bien qu’ayant reconnu l’indépendance proclamée par Ngarta Tombalbaye le 11 août 1960, c’est seulement en août 1996 que l’ambassadeur du Japon au Cameroun est accrédité auprès du Tchad. C’est dire qu’il n’y a pas encore d’ambassade du Japon au Tchad jusque-là et c’est l’ambassade installée à Yaoundé qui couvre le Tchad (ainsi que la République centrafricaine où l’ambassade du Japon est fermée depuis 1992).
Toutefois, cela n’empêche pas les deux pays de coopérer, même si le Japon passe davantage par les organisations internationales pour aider le Tchad. Ainsi, entre 2020 et 2023, le Japon a débloqué plus de 49 millions de dollar américain au profit des organismes comme le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), le Programme alimentaire mondiale (PAM), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et la Fédération internationale de la Croix-Rouge. Ces fonds ont servi notamment à l’assistance aux réfugiés et aux communautés d’accueil, aux Tchadiens en insécurité alimentaire, ainsi qu’aux secteurs de l’éducation, de la santé et de la sécurité. Quant à l’aide directe au gouvernement tchadien, elle s’élève entre 2019 et 2020 à 5,4 millions de dollar principalement pour la sécurité et la lutte contre le terrorisme.
Il faut aussi souligner que l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) a ouvert un bureau à Abéché en 2005 pour surtout faire face à l’afflux des réfugiés soudanais mais elle a fermé l’année suivante à cause de l’insécurité.
L’insécurité est justement la raison avancée par tous les officiels japonais que nous avons rencontrés pour justifier l’absence d’ambassade et de la représentation de la JICA au Tchad ainsi que la relative faible coopération avec le Tchad par rapport à d’autres grandes puissances mondiales. Hashimoto Yasuhiro, directeur adjoint principal du Bureau Afrique de la politique commerciale au ministère japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, informe que le Tchad est classé dans la catégorie 3 (la plus élevée) des pays à risque selon les critères du ministère des Affaires étrangères du Japon. Mais il dit souhaiter que la situation sécuritaire s’améliore dans un proche avenir pour permettre au Japon de renforcer sa coopération avec le pays. Car, renchérit une source du ministère des Affaires étrangères, l’ouverture d’une ambassade tient compte des critères comme l’importance de la présence des ressortissants ainsi que des entreprises japonaises dans le pays d’accueil.
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Tout de même, informe Mme Ueda Mayumi, conseillère spéciale dans une des divisions du département Afrique de la JICA, dans le cadre de la coopération technique, jusqu’en 2022, 360 Tchadiens ont été formés notamment dans les domaines de l’agriculture, de la santé, du développement des ressources humaines.
Yanase Manubu, chercheur en coopération économique à la division de la planification de l’assistance internationale du ministère des Affaires étrangères, renchérit que le gouvernement japonais vient de renouveler sa stratégie quinquennale pour le Tchad qui sera bientôt publiée. Il assure que cette stratégie couvre plus de domaines, entre autres, le soutien à l’industrialisation du Tchad, la gestion des ressources naturelles, la lutte contre le changement climatique.
