Au Tchad, la cryptomonnaie suscite méfiance et controverse. De nombreux Tchadiens associent ces monnaies numériques à des souvenirs amers d’escroqueries menées par des entreprises étrangères sur leur sol. Dans un contexte où la compréhension des cryptomonnaies reste limitée pour une grande partie de la population, l’entrepreneur web Anaichibata Patekouri Habib apporte un éclairage sur ce phénomène, ses usages et ses risques.
La cryptomonnaie désigne une monnaie numérique ou virtuelle sécurisée par des techniques cryptographiques. Contrairement aux monnaies traditionnelles, elle n’existe que sous forme électronique et fonctionne sur un réseau décentralisé basé sur la blockchain. Ce système de paiement numérique repose sur un modèle peer-to-peer (P2P), éliminant ainsi la nécessité de recourir à des institutions bancaires.
On a l’exemple de la stratégie « hold » en cryptomonnaie qui repose sur un principe simple : acheter un actif numérique, comme le Bitcoin ou l’Ethereum, et le conserver sur une longue période, parfois plusieurs années, sans céder à la tentation de le vendre rapidement pour un profit immédiat.
Ce concept est à l’exemple d’une pratique bien connue des commerçantes d’arachides. Pendant la période des récoltes, lorsque l’offre est abondante et les prix sont bas, ces commerçantes achètent en grande quantité. Elles stockent ensuite leur marchandise et attendent que l’offre diminue, souvent quelques mois plus tard, pour revendre à un prix beaucoup plus élevé.
Malgré son potentiel technologique et économique, la cryptomonnaie est loin d’être sans risque. Les escroqueries y sont fréquentes : faux sites web promettant des rendements impossibles, systèmes pyramidaux à la Ponzi ou encore cyberattaques ciblant les portefeuilles numériques. « À travers ton téléphone, un hacker peut prendre le contrôle de tes données, localiser tes adresses et voler tes cryptomonnaies« , avertit l’entrepreneur.
Ces pratiques frauduleuses ont laissé des séquelles profondes au Tchad. « Il y a trois ans, une entreprise utilisant le nom de Bitcoin a escroqué de nombreux Tchadiens. C’est normal que la cryptomonnaie soit mal vue aujourd’hui« , évoque Anaichibata Patekouri Habib.
Face à ce climat de méfiance, Anaichibata Patekouri Habib insiste sur l’importance de l’éducation. « Que tu sois petit ou grand, il faut que tu te formes. La formation, c’est la base pour éviter de tomber dans des pièges comme celui du système de Ponzi« , conseille-t-il.
L’entrepreneur interpelle également les autorités tchadiennes. Selon lui, le gouvernement doit assumer sa responsabilité en régulant le secteur et en enquêtant sur les entreprises étrangères opérant dans le pays. « On ne peut pas accepter que des entreprises viennent nous escroquer. L’État doit agir pour protéger les citoyens« , lance-t-il.
Si la cryptomonnaie représente une opportunité économique pour certains, elle demeure un sujet sensible pour une population marquée par des abus passés. L’appel d’Anaichibata Patekouri Habib à la formation et à la régulation témoigne de la nécessité d’une approche équilibrée pour mieux appréhender cet outil financier innovant. Le défi pour le Tchad sera de surmonter la méfiance tout en s’armant contre les dérives possibles.
