Selon Renaud Dinguemnaial, « une maison d’édition est comparable à une maison de production musicale ». Lorsqu’un auteur termine son ouvrage, il doit s’adresser à une maison d’édition, qui peut accepter de le publier après une évaluation approfondie du contenu et de la forme. Une fois le manuscrit accepté, un contrat est signé, soit à compte d’éditeur, soit à compte d’auteur. Dans le premier cas, l’éditeur finance l’impression et définit les modalités de répartition des revenus des ventes. Dans le second cas, l’auteur prend en charge les frais d’impression et dispose librement de ses exemplaires, tandis que l’éditeur facture les services de relecture, de conception graphique, d’attribution de l’ISBN, entre autres.
Renaud décrit les maisons d’édition comme de véritables « maternités » pour les livres. « Elles permettent la naissance d’œuvres littéraires, contribuant ainsi à la richesse culturelle. Le choix des genres littéraires varie selon chaque maison d’édition. Certaines optent pour la littérature générale, publiant romans, nouvelles, poésie, théâtres, essais et biographies, tandis que d’autres se spécialisent, par exemple, dans les livres pour la jeunesse ou uniquement dans la poésie ». Les Éditions Salon des Belles Lettres, qu’il coordonne, se consacrent notamment à l’accompagnement des jeunes auteurs, avec une vocation associative.
Quant au processus de production, Renaud explique que « la durée d’édition dépend de la qualité initiale du manuscrit ». Un ouvrage bien rédigé peut être publié en 45 jours, tandis que ceux nécessitant des corrections plus poussées prendront davantage de temps. « La précipitation est à éviter », conseille-t-il, rappelant que les jeunes auteurs sont souvent impatients de voir leur premier livre imprimé.
Au Tchad, une dizaine de maisons d’édition, dont les Éditions Sao, Almouna, Toumaï, Le Pays, L’Harmattan, et Salon des Belles Lettres, œuvrent pour promouvoir la littérature nationale en participant aux salons internationaux. L’édition est régie par l’attribution d’ISBN, délivrés au Tchad par l’AFNIL, et repose sur des comités de lecture, qui sélectionnent les manuscrits dignes d’intérêt. Malgré les défis, les éditeurs tchadiens s’efforcent de professionnaliser le secteur littéraire, souvent par passion plus que par recherche de profits. « S’engager dans l’édition littéraire avec pour objectif l’enrichissement est une illusion », conclut Renaud, insistant sur l’importance de la passion et de l’amour pour la littérature dans ce domaine exigeant.
Ndilnodji Stéphane