À chaque veille de remaniement ministériel au Tchad, un phénomène bien connu refait surface. Une paralysie quasi complète de l’administration publique. Depuis la nomination du Dr Idriss Saleh Bachar, ancien ministre de l’Environnement, comme directeur de cabinet civil du chef de l’État le 27 septembre dernier, l’appareil administratif semble s’être englué dans une léthargie prolongée. Pourtant, son remplacement devrait être une simple formalité. Mais comme souvent dans le jeu des chaises musicales au sein de l’exécutif tchadien, ce flottement temporaire se mue en prélude à un mini-remaniement.
De nombreux observateurs prédisent déjà le départ imminent de plusieurs personnalités pour diverses raisons. Certains sont considérés comme en disgrâce, d’autres doivent libérer leur poste pour s’engager dans la campagne législative, communale et provinciale prévue en novembre. D’autres encore seront probablement écartés pour contre-performances. Quoi qu’il en soit, cette phase d’attente laisse une ambiance néfaste sur le quotidien administratif du pays.
Le gouvernement dirigé par Allah Maye Halina, déjà perçu comme atone et manquant de dynamisme, semble accuser le coup. La machine gouvernementale est lourde, et l’action politique devient invisible. Pourtant, ce remaniement annoncé pourrait être l’occasion de revoir en profondeur le dispositif gouvernemental et de donner un nouvel élan à un exécutif qui en a grandement besoin. Un remaniement bien pensé, du sang neuf injecté dans l’équipe, pourraient réveiller cette administration dormante.
Cette attente interminable d’un remaniement imminent s’accompagne d’un malaise général au sein de l’administration. Les ministères sont vides, les fonctionnaires, tout comme leurs responsables, traînent des pieds. Les plus pessimistes ont déjà rangé leurs dossiers et attendent l’annonce de leur départ. Ce climat d’incertitude paralyse le pays, et le plus grand perdant reste, comme toujours, le citoyen tchadien.
Cette instabilité chronique qui précède chaque remaniement n’est pas sans conséquences. Elle affecte profondément le fonctionnement de l’État, ralentissant les services publics essentiels. Les usagers, impuissants, en pâtissent directement. Pourtant, l’administration devrait être un rouage constant, capable de fonctionner indépendamment des aléas politiques. Malheureusement chez nous, ce n’est pas le cas.
Le Tchad ne peut se permettre une telle léthargie répétitive. Chaque période d’attente avant un remaniement devient une occasion manquée pour faire avancer les dossiers, pour répondre aux besoins pressants du peuple, et pour démontrer la capacité de l’État à fonctionner efficacement. Les dossiers ne manquent pas : inondations, insécurité, cherté de la vie, élections à venir, etc. Il est temps que l’administration tchadienne prenne conscience de cette réalité et mette en place des mécanismes pour éviter que ces périodes d’incertitude ne plongent le pays dans une inertie dommageable.