La commémoration du 64ème anniversaire de l’indépendance du Tchad et la ferme volonté du prêtre Madou Simon-Pierre de dénoncer les dérives du pouvoir malgré son interpellation sont les principaux sujets qui ont retenu l’attention de la presse tchadienne.
Il y a 64 ans, le Tchad accédait à l’indépendance
Le dimanche 11 août 2024, le Tchad a commémoré le 64ème anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. C’est à travers un défilé militaire en présence du président de la République, Mahamat Idriss Déby, à la Place de la Nation. Le chef de l’Etat qui s’était adressé à la nation la veille.
Mais pour L’Observateur, « Mahamat Kaka a servi de la poudre de perlimpinpin à ses concitoyens ». L’hebdomadaire n’a pas retenu « grand-chose » de ce discours que « d’aucuns qualifient de disque rayé ». En effet, insiste L’Obs, c’est le « même discours lénifiant avec quelques retouches que Mahamat Idriss Déby a servi à ses concitoyens à chaque fois que l’occasion le lui permet ».
Le conseiller national Beral Mbaîkoubou, lui, dans une interview au journal N’Djamena Hebdo, entend le terme indépendance du Tchad au seul sens du droit international. Car, fait-il noter, « le Tchad est une entité composée d’un territoire clairement délimité sur lequel vit un peuple et où s’exerce un pouvoir politique ». Mais, pense-t-il, beaucoup de carences « grippent la souveraineté du pays et tiennent son indépendance davantage théorique et sloganesque plutôt que tangible ».
L’abbé Madou ne recule pas
La désormais affaire Madou est encore bien présente dans les journaux. Enlevé le 5 août dans sa paroisse de Walia Goré par des individus non identifiés, il a été relâché le lendemain sous la pression populaire. Entretemps, le porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah, a démenti un enlèvement et souligné que le prêtre a été arrêté dans le cadre d’une procédure régulière.
Dans les colonnes d’Abba Garde, le collectif des avocats du prêtre, à travers Me Benjamin Mamgodibaye, se dit « outré du degré d’ignorance des autorités tchadiennes sur les termes de l’accord entre le Saint siège (le Vatican) et N’Djamena, qui confère l’immunité diplomatique aux prêtres du siège, dont l’interpellation, sauf flagrant délit, nécessite l’avis préalable de l’évêque ». L’avocat souligne qu’il va poursuivre l’affaire en justice.
Malgré cette interpellation, l’abbé Madou ne compte pas se renier. « Droit dans ses bottes, le père Madou dit haut et fort que ce n’est pas cet enlèvement ou cette intimidation qui va le faire taire ; qu’il va continuer par dénoncer les dérives du pouvoir si celui-ci ne respecte pas les droits des Tchadiens, même au prix de son sang », reprend L’Observateur qui était présent le 11 août à la première messe du prêtre, en compagnie de l’archevêque Edmond Djitangar, après sa remise en liberté.
